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Laurence Parisot : Debout ceux qui ne manquent de rien !

laurence parisot

« Debout les bien nés de la terre ! Debout ceux qui ne manquent de rien ! Debout l'âme du millionnaire ! Entrepreneurs, groupons-nous enfin ! », devrait chanter Laurence Parisot. Le temps est venu d'organiser la résistance : la haine du patronat se développe dans chaque foyer, exacerbée par les propositions d'un gouvernement qui flatte l'égo des pauvres, taxe à tout va et s'immisce dans les affaires du privé. « Patrons voyous ! », entend-t-on des usines PSA au Palais Bourbon. Diffamation, amalgame, racisme !… Laurence s'indigne avec autant de verve que Rokhaya Diallo.

Il n'est guère surprenant que les riches migrent vers des contrées plus accueillantes, préservées des considérations sociales et de l'interventionnisme ; là où l'on promeut la flexibilité du travail, là où on ne dépossède plus le possédant. La France n'aime pas les patrons. « Les départs sont moins nombreux que ne le laissent entendre les médias, mais il y en a. Ce que je vois surtout, ce sont des chefs d'entreprise qui disent : “Je veux rester, faire ici ce que je sais faire, mais combien de temps vais-je pouvoir tenir ?” C'est un vrai cri d'alarme. », s'inquiète la présidente du MEDEF, dans une interview accordée à L'Expansion. Le malaise est profond ; l'ancienne PDG de l'IFOP, le sait, elle qui sonde l'âme des créateurs de richesse. Elle en appelle à l'Union Sacrée ! Les Pigeons sont conviés à roucouler.

”Qui n'en peut plus d'être ignoré, méprisé, menacé, taxé, surtaxé, suspecté ? C'est nous!” -Ernest-Antoine Seillière

Ce combat contre les tristes syndicalistes, les ouvriers belliqueux et les couards sociaux-démocrates, Laurence Parisot le mènera jusqu'à la fin de sa mission, en juillet prochain. Elle achèvera ses huit années de lutte patronale comme elle les a commencées, avec conviction. Elle peut s'enorgueillir du travail accompli. Du Groupe Bilderberg au club Le Siècle, dont elle est membre, personne ne contestera la réussite de ses deux mandats à la tête du MEDEF. Succéder à Ernest-Antoine Seillière fut sans doute la consécration professionnelle de ce Rastignac féminin issu de la bourgeoisie de province – son grand père est le fondateur du groupe Parisot, une entreprise de meubles implantée en Haute-Saône, ainsi qu'en Roumanie, où les prétentions salariales des employés sont plus raisonnables.

La Nadja des conseils d'administration

Sa carrière, à peine ternie par son passage chez Optimum, société héritée de son père dont elle a fait espionner les salariés, Laurence la doit à son caractère bien trempé. L'habilité avec laquelle elle a doublé les réactionnaires de l'UIMM, dans la course à la présidence du MEDEF en 2005, témoigne de ses qualités de stratège. Cette admiratrice du mouvement Dada et d'André Breton est une patronne moderne, qui aime le kite-surf, le sport automobile, et les débats portant sur l'égalité des sexes ou l'intégration des immigrés. Femme libérale, elle a su s'affranchir des traditions inhérentes à sa condition de bourgeoise provinciale.

“Délocaliser est un devoir pour les entreprises” -Claude Bébéar, ex-PDG d'Axa

Laurence Parisot n'a probablement pas lu Christopher Lasch, mais elle sait qu'il n'y a pas de libéralisme économique sans libéralisme culturel. «L'éducation des masses a altéré l'équilibre des forces au sein de la famille, affaiblissant l'autorité du mari vis-à-vis de sa femme, et celle des parents vis-à-vis des enfants. Mais si elle émancipe femmes et enfants de l'autorité patriarcale, ce n'est que pour mieux les assujettir au nouveau paternalisme de la publicité, des grandes entreprises industrielles et de l'État », écrit le sociologue américain. A sa façon, la Guevara du patronnat est une héritière de Mai 68. Audrey Pulvar devrait lui proposer de faire la une des Inrocks. Elle poserait, un joint aux lèvres, en compagnie de Jack Lang et Nathalie Kosciusko-Morizet. Le titre : Les femmes savantes.

Féministe et démophobe

Laurence Parisot s'obstine, bataille sur tous les fronts, apostrophe le gouvernement sur les ondes d'Europe 1. Elle n'en demeure pas moins consciente que la situation eût été bien pire si le peuple avait mal voté aux dernières élections. Que se passerait-il si un libéral de gauche ne succédait pas à un libéral de droite ? La question l'obsède. La nuit, lorsque Morphée agace ses peurs, la patronne des patrons voit des miséreux en colère, dont émanent des effluves d'alcool et de saucisses grillées, défiler le long de l'avenue Bosquet. Le cortège se dirige vers le siège du MEDEF. A sa tête, Jean Luc Mélenchon. Il exhorte les manifestants. Des drapeaux rouges virevoltent dans les airs, des chants révolutionnaires s'élèvent jusqu'au ciel. Le spectre de Robespierre apparaît, revigoré par ces incantations. La Terreur revient hanter Paris ! Laurence se réveille en sursaut. Surréaliste !…

“La liberté de penser s'arrête là où commence le code du travail” -Laurence Parisot

Il n'échappera à personne, que la Nadja des conseils d'administration devrait consulter. Elle souffre de démophobie. A part les hommes, il n'y a rien qu'elle déteste plus que le peuple. Elle est trop élitiste pour le connaître, trop détachée de la réalité pour le comprendre, trop européiste pour en faire partie. Les classes laborieuses, Laurence Parisot les méprise autant qu'elle les craint. Ces dernières ont conscience qu'elles sont les victimes du néolibéralisme et des décisions des technocrates européens. Elles refusent d'accepter l'idée absurde selon laquelle « la précarité est une loi de la condition humaine ». Elles appréhendent la rigueur et la politique d'un gouvernement soumis aux institutions bruxelloises. Elles pressentent que les élites ont trahi la démocratie. «There is no alternative », persiste à professer la présidente du MEDEF, comme Thatcher en son temps. Qu'elle se méfie, son cauchemar pourrait devenir réalité.

Source : https://42mag.fr/

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