Sexe et technologie peuvent sembler incompatibles, et pourtant ils sont étroitement liés dans de nombreux domaines. Sex toys connectés, films en réalité virtuelle … l’industrie du X continue à diversifier son offre et conquérir de nouveaux marchés. Nous avons eu la chance de pénétrer dans le temple du cinéma pour adultes en France : la maison de production Marc Dorcel, afin de mieux comprendre comment ces deux mondes communiquent.
Marc Dorcel : les innovateurs du sexe
Nous nous sommes entretenus avec Ghislain Faribeault, directeur de la division médias et vice-président média chez Marc Dorcel. Il est chargé du projet de réalité virtuelle lancé par la maison de production l’année dernière. Se définissant lui-même comme un geek, il se passionne pour les nouvelles technologies : « J’adore les gadgets, plus c’est inutile, plus ça me plaît, avoue-t-il. Je suis de près les nouvelles technologies, et j’essaie de voir comment nous pouvons les adopter et les adapter à notre industrie. »
Il apprécie particulièrement l’esprit d’innovation de l’entreprise, notamment dans les nouvelles technologies et sur Internet. Sur la toile, c’est l’échange avec les consommateurs qu’il trouve intéressant. « Nous avons coproduit le film « Mademoiselle de Paris » en 2010 avec les internautes. Ils pouvaient participer au financement du long-métrage, et gagnaient un droit de vote sur toutes les décisions que l’on prenait en termes de scénario, d’acteurs, de lieux de tournage, etc. », explique-t-il.
Mais ce n’était pas qu’un coup de communication, car les contributeurs ont reçu une partie des bénéfices à la hauteur de leur investissement. « C’était la première fois que nous avions un retour direct des fans et des gens qui suivent la marque et qui nous ont assez fait confiance pour investir leur argent. » Cette relation est très importante pour le vice-président média : « Tout ce que l’on fait, c’est pour apporter quelque chose de nouveau ou d’enrichissant. Ici, on voulait vraiment faire participer les internautes. Du coup, ils ont pu jouer dans des scènes comiques, faire de la figuration, ou encore fournir des objets pour habiller les scènes. »
Ce n’est pas le seul exemple d’innovation de Marc Dorcel : « Nous avons également innové avec la 3D ou encore la vidéo à la demande en 2002, là où TF1 et Canal l’ont fait seulement en 2005. On essaie toujours d’être à l’avant-garde », décrit-il.
Cette envie dépasse le seul intérêt financier de l’entreprise : « C’est important de faire de la communication là-dessus, car la sexualité a été bannie de la sphère publique alors même que les gens ont de moins en moins de tabous dans leur vie privée. De plus en plus de personnes assument d’acheter des sex toys ou d’être libertins, mais tout cela a complètement disparu de la société. La sphère publique est faussement sexuée, d’une manière assez vulgaire, et cela a remplacé la vraie sexualité », constate-t-il tristement.
Sex toys connectés : qu’en penser ?
Lorsque l’on parle d’objets connectés et de sexe, on pense tout de suite aux sex toys connectés. Cependant, Ghislain Faribeault n’est pas convaincu par ce concept : « Nous faisons nos propres sex toys, mais pour l’instant nous n’avons pas créé de modèles connectés. » La raison est simple : ils ne se vendent pas. « Ils coûtent trois fois plus cher que les sex toys normaux, et les gens ont encore peur du côté « data », ils ne sont pas encore prêts à connecter des objets si intimes. Il n’y a pas de public pour le moment », assure-t-il.
« De plus, pour l’instant, le côté connecté de ces objets est plus un gadget qu’autre chose, car il n’apporte pas de plaisir supplémentaire. Il faut attendre que la technologie se développe et que les prix baissent pour voir comment cela avancera. » Parfait exemple, les sex toys activables à distance, comme le OhMiBod : « C’est un produit de niche, car il n’apporte pas une expérience suffisamment nouvelle. Ce ne sont que des gadgets. » Le verdict est sans appel.
Cependant, les sex toys connectés ont un avenir tout tracé dans la façon dont les gens consomment la pornographie selon Ghislain Faribeault : « Ils pourraient être intéressants une fois liés avec l’expérience de la réalité virtuelle. Si l’on pouvait connecter le sex toy à une vidéo et les faire interagir, cela permettrait de créer une expérience encore plus immersive. »
Son exemple, regarder un film avec une actrice et utiliser le sex toy à son nom. Celui-ci serait connecté à la vidéo et réagirait à ce qui s’y passe. « On pourrait aussi imaginer des vêtements connectés qui vous donneraient l’impression d’être touché suivant les actions qui se déroulent dans le film que vous regardez », ajoute-t-il.
« Nous n’avons pas de cellule de recherche et développement. Nous ne pouvons donc pas créer ce genre de technologie, mais c’est quelque chose qui nous intéresse. Comme pour les films en réalité virtuelle, nous voulons innover là-dessus. » Cependant, il faut qu’il y ait une proposition d’un spécialiste du milieu : « Nous sommes à l’écoute. Nous sommes opportunistes quand cela apporte au consommateur. »
L’idée n’est pas révolutionnaire, car elle a déjà été réalisée avec des vidéos normales : « Le sex toy Real Touch fonctionne sur ce principe. Il ne se connecte qu’avec certaines vidéos et réagit selon le type de pénétration. Ajouter la réalité virtuelle à ce système serait vraiment intéressant », assure-t-il.
Cependant, Ghislain Faribeault ne veut pas faire d’annonce : « Nous ne voulons pas tomber dans le faux buzz autour d’annonces vides sur des technologies qui ne sortiront jamais comme le font certains grands sites, ce n’est pas l’esprit de notre maison. Nous ne cherchons pas à ce que les médias nous reprennent, mais à apporter quelque chose de neuf aux consommateurs. » Seul l’avenir nous dira si Marc Dorcel réussira à créer son expérience porno entièrement interactive. En attendant, vous pouvez retrouver l’interview complète de Ghislain Faribeault au sujet des films pour adulte en réalité virtuelle sur le site de nos collègues de realite-virtuelle.com.
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