Depuis quelques années, les constructeurs automobiles ont adopté une approche de plus en plus agressive dans le design des véhicules électriques. Calandres massives, lignes acérées et proportions exagérées sont devenues la norme. Mais cette surenchère stylistique est-elle une évolution logique ou une impasse créative ? C’est la question que se pose Peter Stevens.
Un design agressif omniprésent dans l’industrie automobile
Pour Peter Stevens, designer de la McLaren F1, cette agressivité est une tendance exagérée. Il déplore particulièrement l’absence de langage de design clair pour les voitures électriques. Cela pousse les constructeurs à explorer des solutions parfois absurdes. Stevens a dit qu’on a maintenant des calandres qui ressemblent à des radiateurs ainsi que des jantes trop complexes. Cette surenchère n’a pas pour but d’améliorer l’expérience utilisateur, mais plutôt de créer un impact visuel fort pour se différencier.
Cette tendance agressive du design automobile atteint parfois un point de rupture. Stevens a d’ailleurs ironisé que toutes les voitures devaient être si agressives que si on promenait un chien près d’un nouveau modèle, il risquerait de se faire mordre. Cet excès de caractère visuel risque de créer une uniformisation du marché, où chaque modèle tente d’être plus intimidant que le précédent.
Le secteur est-il en réalité en perte de repères ?
L’explosion de ce design automobile agressif pourrait être le symptôme d’une industrie qui peine à se réinventer. Selon Stevens, les constructeurs misent sur l’agressivité pour créer artificiellement de l’intérêt autour de leurs nouveaux modèles. « Tout repose sur la vente du ‘nouveau truc’, et ce truc est ‘déroutant’. Mais ce n’est pas parce que quelqu’un a pensé que le ‘déroutant’ fonctionnerait, c’est plutôt parce qu’ils ne savent plus quoi faire. »

Un autre facteur clé dans cette évolution est l’abandon progressif des méthodes traditionnelles de conception. Stevens regrette que le passage de la modélisation en argile à la conception assistée par ordinateur ait contribué à ce design automobile agressif. Il affirme aussi que les outils informatiques que nous utilisons aujourd’hui sont étonnamment limités. Selon lui, plusieurs personnes autour d’un modèle en argile favorise la collaboration et permet d’éviter des erreurs stylistiques grossières.
Face à cette dérive, un retour à des designs plus épurés et fonctionnels pourrait donc être la clé. Cela aidera effectivement à restaurer une identité visuelle plus authentique dans l’industrie. La question qui se pose est : est-ce les constructeurs auront le courage de s’éloigner de cette esthétique hyper-agressive ? Ou alors, continueront-ils sur cette voie jusqu’à saturation ?
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