Depuis que le genre littéraire, la science-fiction, a débarqué dans nos maisons, les théories sur notre société dans le futur vont bon train. Alors, si certains de ces romans, nous livrent une vision assez pessimiste de notre possible futur, nous pouvons quand même en tirer certaines analogies pas forcément déprimantes.
En effet, un grand nombre des objets connectés qui se font, peu à peu, une place de plus en plus importante dans nos foyers, étaient déjà les vedettes des romans de science-fiction d’hier. Alors dans cette lecture croisée de l’internet des objets par rapport à la littérature de science-fiction, quels enseignements pouvons-nous en tirer ? Pouvons-nous dire que l’évolution technologique de notre société reste en accord avec certains de nos principes sociaux et humanistes ?
[blockquote style= »1″] »La science-fiction est une description de la réalité » Ray Bradbury, auteur du livre de science-fiction, Fahrenheit 451[/blockquote]
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La multiplication des écrans dans les espaces urbains d’aujourd’hui
Tout le monde a lu, ou devrait lire le mythique roman de Georges Orwell, 1984. Celui-ci, décrit la Grande-Bretagne, trente ans après une guerre nucléaire entre l’Ouest et l’Est, dans les années 1950. Si nous connaissons déjà la fin de cette guerre froide romancée, nous avons de nombreux enseignements à en apprendre.
Alors, si Georges Orwell s’est inspiré des régimes totalitaires staliniens et du nazisme, nous n’allons pas nous intéresser à la politique en générale, mais à comment celle-ci utilise les moyens de communications, comme les écrans, la télévision et de nos jours les wearables afin d’espionner sa population.
Dans 1984, toute pensée individuelle est bannie au profit d’une pensée unique contrôlée par le pouvoir en place, qui relaye ces idées au moyen des écrans qui envahissent la sphère privée comme la sphère publique. Actuellement, nous vivons dans un monde où les écrans ont pris une place de plus en plus importante…
Ces changements sont visibles dans de nombreux domaines et nous interagissons de plus en plus avec des écrans qu’avec des humains et pas seulement dans la science-fiction. Dans 1984, les écrans envahissent la société, jusqu’au point d’interférer avec les pensées des personnes, pouvons-nous dire qu’il en est de même pour les humains du 21e siècle ? Malheureusement oui… Nous sommes continuellement martelé de publicités, images et informations, comment ne pas admettre que ces images nous influencent ?
Rappelez-vous de cette déclaration de James Clapper, le chef des Services de Renseignement américain, dans laquelle, il reconnait pour la première fois, l’utilisation fort probable des objets connectés dans l’espionnage au nom de la sûreté nationale… Nous sommes, certes, encore loin d’une société totalitaire comme celle décrite dans 1984, mais nous devons nous en servir comme d’une sonnette d’alarme.
Certaines grandes villes comme Londres, ont déjà intégré de nombreuses caméras de surveillance, avec des chiffres plutôt effrayants, 1 caméra pour 15 habitants environ… Mais également une petite ville de France, Mandelieu-la-Napoule dans les Alpes Maritimes, qui interpelle les passants à l’aide de caméras et de micros. Allons-nous peu à peu vers une police invisible, mais qui veille sur chacun de nos pas ?
En effet, dans 1984, les écrans sont à double-sens, ils montrent les images aux particuliers et filment par la même occasion ce qu’il se passe dans la maison… Il ne faut pas oublier que les objets connectés peuvent être à double tranchant, s’ils vont nous faciliter la vie quotidienne, par sûr qu’ils soient les meilleurs garants de notre vie privée… La leçon à retenir du roman de science-fiction, 1984, au delà de la critique du totalitarisme, c’est ne pas devenir aveugle devant les merveilles de la technologie au détriment de notre vie privée et de nos idées.
Le façonnement artificiel des individus
Que signifie réellement le façonnement des individus ? Il faut tout d’abord distinguer une amélioration artificielle des humains, par les actions des groupes de Transhumanistes et la Biotechnologie, de l’amélioration de l’espèce humaine avant même la naissance avec l’Eugénisme, déjà bien répandu aux États-Unis. C’est un thème de science-fiction que l’on retrouve dans de nombreux romans classiques et notamment dans Le meilleur des mondes, d’Aldous Huxley.
Dans la société décrite dans le roman de science-fiction, la reproduction sexuée a totalement disparue, les fœtus sont dans des flacons et sont conditionnés durant leur enfance. Le meilleur des mondes décrit une société dans laquelle les embryons subissent des transformations afin de déterminer leurs goûts et leurs aptitudes. Même si ce monde dans lequel on ne laisse aucune chance à la nature et ses aléas, nous paraît cauchemardesque, ce sont des technologies déjà bien en place dans notre société.
Aux États-Unis, certaines sociétés comme la Fertility Institute, ont déjà organisé leur fond de commerce sur cette promesse : nous pouvons vous donner le bébé de vos rêves. Ainsi, c’est déjà une réalité dans la banlieue aisée de Los Angeles, les parents peuvent choisir le sexe, la couleur des yeux de leur futur enfant, … tout cela, en contrepartie d’une facture salée ! D’un autre côté, un mouvement, qui existe depuis plusieurs années, le Transhumanisme, prône de son côté l’utilisation de la science et des nouvelles technologies pour l’amélioration de l’humain.
L’air de rien, ce mouvement n’est pas si futuriste que cela, lorsque l’on sait que les dispositifs électroniques, comme les implants intra-auriculaires pour les malentendants existent depuis de nombreuses années et sont entrées dans nos mœurs… Le véritable changement que va nous apporter la technologie dans le façonnage de l’individu va s’exprimer dans l’apprentissage.
Dans le roman de science-fiction, Le meilleur des mondes, les enfants sont conditionnés pendant leur sommeil et reçoivent un enseignement hypnopédique qui s’ancre profondément dans le cerveau du sujet. Cette vision de notre futur va sûrement faire son entrée dans notre société bien plus tôt que nous l’aurions prévu. En effet, pour la première fois, des chercheurs ont réussi à implanter des connaissances d’un cerveau, directement dans un autre cerveau.
Quelle place pour les robots dans notre société ?
[blockquote style= »1″] »En 2009, les spécialistes mondiaux de l’Intelligence Artificielle se sont réunis à Alisomar, en Californie, pour discuter le plus sérieusement du monde de ce qu’il se produira quand la machine surpassera le monde. » Michio Kaku dans son livre, Une brève histoire du futur, comment la science va changer le monde.[/blockquote]
Comment évoquer la science-fiction sans parler des robots et autres Intelligences Artificielles ? Impossible ! Surtout qu’ils sont en train de nous envahir, des caméras intelligentes aux robots humanoïdes de compagnie ou de service, on peut presque parler d’une Révolution des Robots… Un possible quotidien avec des machines intelligentes a toujours été un des thèmes privilégiés des romans de science-fiction et d’anticipation. Et c’est un sujet largement abordé dans le roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451.
Le héros du roman, Mildred, se sent observé par un robots limier, une sorte d’animal robot qui monte la garde, et il se met à croire que le robot arrive à sentir qu’il est hors-la-loi, puisqu’il conserve des livres imprimés chez lui, ce qui est interdit. Difficile de ne pas se demander, à la lecture de ce roman, si nous allons bientôt devoir faire face à des robots tellement évolués, qu’ils puissent se mettre à réfléchir et à surveiller les personnes de leur propre chef…
Les robots sont, actuellement, en train de faire une entrée fracassante dans notre quotidien et pas seulement dans les romans de science-fiction ! En Nouvelle-Zélande, ils livrent les pizzas, pendant qu’aux États-Unis, une Intelligence Artificielle a battue le meilleur joueur de Go. Dans un futur lointain, des scientifiques imaginent une fusion complète avec nos Intelligences Artificielles qu’il faudrait considérer comme nos enfants… Des enfants diablement évolués !
Comment pouvoir prédire le sentiment que nous ressentirons face à des machines plus intelligentes que l’ensemble de l’Humanité ? Doit-on leur définir des règles de la même manière que le romancier, Isaac Asimov dans son Cycle des Robots ? Mais que faire lorsque ces règles se contredisent entre elles et menacent l’espèce humaine ? Autant de questions sans réponses…
La lente mise en place d’un monde binaire similaire à la science-fiction
Un des éléments les plus frappants que l’on retrouve dans de nombreux romans d’anticipation et de science-fiction, concerne la division du monde tel qu’on le connaît en deux catégories ou encore, en deux supers puissances. Dans 1984, Georges Orwell divise le monde entre 3 grandes puissances : Eurasia, Océania et Estasia, ces trois super-pays s’affrontent dans une guerre perpétuelle… Avant de connaître nous-même une scission si extrême de l’ensemble du monde dans lequel nous vivons, les avancées technologiques pourraient être l’élément déclencheur de la lente transformation de la terre en un monde binaire.
A qui la faute ? Aux nouvelles technologies qui vont petit à petit améliorer l’être humain et peut-être même lui faire toucher du bout des doigts l’immortalité. Seulement, ces nouvelles technologies, qui n’en sont qu’à leurs premiers balbutiements, ne pourront pas profiter à tout le monde…
Étant donné les inégalités qui existent déjà de nos jours entre les pays et entre les personnes au sein même d’une société, il est facile de prévoir que ces inégalités vont s’étendre au domaine des nouvelles technologies, et c’est déjà le cas. Comme nous l’avions évoqué précédemment dans le dossier, il est tout à fait possible de choisir certaines caractéristiques génétiques avant même la naissance de son enfant, mais l’Eugénisme est une science onéreuse pour le moment.
Ainsi, imaginons deux enfants, l’un a bénéficié d’une amélioration de son patrimoine génétique grâce à ses riches parents, tandis que l’autre est né avec une tare, par exemple, qui était déjà présente dans son patrimoine génétique. Même si ces deux enfants semblent similaires à la naissance, il est impossible de savoir comment ils évolueront et quelles chances ils rencontreront… Si le premier est assuré de ne jamais contracter de maladie génétique grâce à l’Eugénisme, l’autre pourrait souffrir de problèmes de santé quelconques, mais d’origine génétique.
Comment pouvons-nous parler d’égalité entre les personnes ? La déclaration des droits de l’homme et du citoyen, rédigé pendant la révolution française, annonce que « tous les hommes naissent libres et égaux en droits ». Cette phrase risque de changer rapidement, et la loterie de la nature risque de n’être qu’un vague souvenir dans plusieurs décennies !
Le malaise de l’humain face à la singularité technologique
Avec l’accélération des avancées technologiques, en si peu de temps, il est parfaitement naturel de se demander quelle place aura l’individu dans notre futur… Un idée s’est développée dans les années 1950, celle de la singularité technologique. Ce concept, selon lequel , à partir d’un point hypothétique de son évolution technologique, la civilisation humaine pourrait connaître une croissance technologique fulgurante, comme les Intelligences Artificielles, par exemple.
Cette singularité technologique bouleverserait tellement notre société, que l’individu aurait alors beaucoup de mal à appréhender ces nouvelles avancées et à les comprendre. Le risque serait donc, la perte du pouvoir de l’humanité sur son destin, et que celui-ci soit piloté par les-dites Intelligences Artificielles. Plusieurs futurologues et Transhumanistes, prévoient cette rupture entre la technologie et l’humain pour 2030 environ.
Alvin Toffler, un sociologue et futurologue des années 1970, a réalisé un film très singulier : Futur Shock. Ce film, que vous pouvez retrouver au début du dossier, décrit l’état psychologique des individus et des sociétés confrontés à beaucoup trop d’innovations en très peu de temps… Il imagine le futur de notre société, non pas dans une optique de science-fiction, mais qui passe d’une société industrielle à une société technologique, dans laquelle les individus en viennent à se déconnecter du monde qui les entourent et qu’ils ne comprennent pas !
C’est une vision inquiétante de notre futur, mais probablement vraie… Alors si certains dénoncent le manque d’appuis scientifiques pour étayer cette théorie de la singularité technologique, il est sûr que notre monde tel que nous le connaissons n’a pas fini de changer. Il convient alors de se demander, ce que nous deviendrons au milieu de tout cela…
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