L’internet des objets fait partie intégrante de notre présent. Les objets connectés sont de plus en plus nombreux et suscitent par leur intérêt et leur efficacité, un réel besoin. Un marché des armes connectées se développe très bien Outre-Atlantique mais très peu dans l’Hexagone. Voici un portrait complet des enjeux et tendances du marché de ce nouveau type d’armes.
Un micro-marché en pleine expansion aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis, il existe un véritable lobby des armes. Tout citoyen américain peut posséder une arme. Dans la plupart des Etats, chaque personne est contrôlée. Oui, la plupart. C’est pourquoi, on dénombre aujourd’hui 30 000 morts accidentelles ou préméditées dues aux armes à feu détenues légalement.
Barack Obama n’a pas pu faire le poids, malgré ses propositions, face aux défenseurs des armes à feu. Mais avec ce nouveau marché des armes connectées, il sera maintenant possible de mieux encadrer la loi sur le port d’armes à feu. Si nous pouvons empêcher une personne extérieure ou son propre enfant d’utiliser son téléphone grâce au verrouillage par empreintes, pourquoi ne pas le faire pour les armes à feu ? Donc en plus des idées du président américain de systématiser la vérifications des antécédents des acheteurs et interdire aux personnes souffrant de troubles mentaux d’accéder à ce droit, Barack Obama a clairement affiché son soutien aux armes connectées. Dans un débat télévisé en janvier dernier, il a montré un enthousiasme non feint pour un nouveau projet.
Développer l’industrie des puces RFID (radio-identification incorporée à l’objet qui peut répondre à des requêtes émises depuis un émetteur), afin de rendre l’arme uniquement utilisable par le propriétaire initial.
Mais les armes connectées existent d’ores et déjà outre-Atlantique. L’Armatix iP1 a été la première arme connectée disponible sur le marché Américain. Le pistolet fonctionne uniquement si son propriétaire le tient dans la main à l’aide d’une montre connectée. Si l’arme est proche de la montre, une LED verte s’allume au niveau supérieur du grip pour indiquer à son utilisateur qu’elle est prête à être utilisée.
Vous l’aurez deviné, si la montre n’est pas proche de l’arme, le pistolet Armatix ip1 est alors inutilisable. Il existe plusieurs autres modèles. On peut notamment citer Yardam. L’arme connectée destinée d’abord à une utilisation privée de son capteur a étendu son champ de compétences aux forces de l’ordre.
Un capteur est implanté dans la crosse de l’arme de tir. Il est connecté au smartphone de l’acheteur pour lui indiquer si l’arme est ou non dans l’étui et si elle a fait feu. Si elle a été utilisée, le capteur fait un rapport balistique en enregistrant la direction de visée du tireur et en fournissant les coordonnées GPS de l’action. Un outil bien utile pour éviter les bavures policières qui défraient souvent la chronique.
En dehors des pistolets, les drones armés font aussi leur apparition sur ce micro-marché. Bien que les drones armés dits « mortels’ ne sont utilisés que par l’armée américaine, la police a elle, le droit d’utiliser des drones équipés de Tasers (système à envoi d’impulsions électriques), de gaz lacrymogènes, de canons assourdissants ou encore de balles en caoutchouc ou en plastique. Des armes « non-mortelles » qui ont quand même tué pas moins de 500 personnes entre 2001 et 2013. Le marché s’ouvre, se diversifie et grandit. En France c’est une toute autre histoire.
Les limites de la législation en France
En France les armes sont rangées dans différentes catégories allant de A à D. La catégorie A, celle qui concerne ce dossier, comprend les armes à feu d’épaule, de poing et à canon. Il est interdit de les détenir sauf autorisation particulière (pour un an maximum). Les seuls citoyens français autorisés à porter une arme sont les fonctionnaires de police ou des douanes et les agents de surveillance mais uniquement dans le cadre de leurs fonctions.
Evidemment, si vous détenez un permis chasse, vous avez aussi accès à certaines armes mais ne pourrez les porter que dans le cadre de cette activité. Toute infraction pourra vous coûter entre 750 et 75 000 euros d’amende et jusqu’à cinq ans de prison.
Vous l’aurez compris, les armes connectées destinées au public ce n’est pas pour demain dans l’Hexagone. En revanche, s’il existe bien un secteur qui surfe sur la vague IoT des armes, c’est bien la Défense.
Dangers et dérives des armes connectées
Une arme dite normale, peut être volée ou utilisée à mauvais escient. Mais grâce, ou à cause, de la nouvelle révolution technologique et l’IoT, on peut maintenant pirater une arme. L’empêcher de tirer ou bien au contraire, tirer à la place de son propriétaire. Un danger auquel nous ne sommes pas encore habitué. Les objets connectés sont encore trop nouveaux et on peut difficilement avoir un vrai recul. Un peu comme le tabac à une époque et la cigarette électronique aujourd’hui.
Sans exemple, cette tirade reste un peu alarmiste. Runa Sandvik et Michael Auger sont deux experts en sécurité et ils ont décidé de hacker le fusil de précision TrackingPoint TP750. Objectif atteint : ils ont réussi à pirater son système de visée pour en prendre le contrôle à distance. Il leur aura fallu un an pour comprendre l’interface logicielle du fusil et en prendre le contrôle par le biais de la connexion Wi-Fi utilisée par l’arme.
Censée nous protéger, éviter les bavures, diminuer considérablement les accidents, les armes connectées nous confrontent à de nouveaux dangers. Le plus important : la perte de contrôle. Ironique, vous ne croyez pas ?
Les armes connectées : un secteur porteur pour la Défense
Les technologies innovantes qui apparaissent avec l’IoT pourraient permettre d’augmenter considérablement le nombre d’objets connectés sur les scènes d’opération militaire. L’Internet des Objets va permettre de connecter le champ de bataille avec le monde numérique d’une manière susceptible de changer fondamentalement la conduite des opérations militaires. La capacité à relier des objets connectés de tout type permettra d’obtenir la supériorité informationnelle de l’information.
Dans le classement 2015 des puissances militaires mondiales, la France se retrouve à la cinquième position. Pour l’année 2016, la Défense détient un budget de 32 milliards d’euros. De quoi investir dans les armes connectées, presque sans compter. Pour le moment, Paris a décidé de ne pas investir dans les drones armés et se contente d’appareils de surveillance. C’est une première étape. On ne sait pas encore quand et jusqu’où la cinquième puissance mondiale ira pour combattre les forces ennemies. Mais il faudrait sûrement faire évoluer la législation et les mentalités pour que la France se mette à la page. A quand la prise de conscience ?
La sécurité remise en cause par les armes connectées
Avant de s’attarder plus précisément sur les dangers des armes connectées, revenons sur la sécurité des objets connectés en général. Les objets connectés vont poser des enjeux de sécurité majeurs, qui vont s’amplifier avec leur expansion. Le plus important ? L’utilisation des données personnelles. Des informations confidentielles pourront être plus ou moins interceptées et exploitées.
Si c’est possible avec des objets grand public pourquoi pas des armes connectées utilisées à des fins militaires ? Naturellement, la sécurité y est plus présente. On ne pas les pirater aussi facilement. Mais si quelqu’un a été capable de contrôler une arme à distance et qu’on extrapole un peu, pourquoi ne pas récupérer les données secret-défense qui transitent ?
Quand n’importe qui peut se connecter à une arme, la connexion elle-même devient une arme. Le tireur n’est plus celui qui tient le pistolet dans ses mains, mais celui qui peut s’y connecter. Lois, condamnation, responsabilités, sécurité… Peut-on changer et s’adapter aussi vite que les progrès technologiques ?
On reste bien évidemment dans des hypothèses et loin de nous l’idée d’adhérer à une quelconque théorie du complot. Mais le monde change à la vitesse grand V et il est normal de se poser des questions sur un domaine qu’on ne maîtrise que trop peu aujourd’hui.
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