Le saviez-vous ? Certaines des scènes les plus mémorables du cinéma cachent un son culte : le « Miaou de Wilhelm ». Enregistré par une chatte nommée Cheeta, ce miaulement féroce est devenu une signature sonore incontournable. Mais comment ce simple cri a-t-il conquis Hollywood ?
Ce miaulement féroce, associé à des scènes de chaos, surprend les spectateurs. Il accompagne des moments où un objet tombe, où un accident se produit ou encore lorsqu’un personnage agit brusquement. On l’entend dans des classiques tels que Babe, Le Grinch, ou Maman j’ai raté l’avion 3. Bien que ce son ne dure que quelques secondes, il joue un rôle essentiel dans l’ambiance de ces films. Pourtant, peu de gens réalisent qu’il provient d’un enregistrement unique réalisé il y a plus de 30 ans.
Cheeta, la chatte derrière le cri iconique
À l’origine de ce célèbre miaulement, une chatte mi-siamoise nommée Cheeta, dont la voix a été enregistrée dans les années 1950, est devenue une véritable légende sonore. Wylie Stateman, concepteur sonore renommé, a capturé ce cri unique dans son salon à la fin des années 1980. Cheeta était alors en chaleur, dans une pièce partagée avec un autre chat nommé Sylvester. « C’était une performance pure », raconte Stateman.
Il décrit Cheeta comme une petite chatte noire, au physique racé et à la voix puissante. Ces caractéristiques, combinées aux circonstances de l’enregistrement, ont donné naissance à un son unique, désormais immortalisé.

Des rumeurs sur les origines du miaulement
Malgré le récit de Stateman, certains passionnés du son attribuaient ce miaulement à d’autres créateurs. Par exemple, certains évoquaient Frank Welker, acteur célèbre pour ses imitations animales, ou encore John Leveque, un monteur son des années 1980. Ces hypothèses reflètent les lacunes dans la documentation sonore de l’époque. À cette période, les enregistrements n’étaient pas toujours associés à des métadonnées détaillées.
Afin de démêler le vrai du faux, Tim Brookes, expert en audio, a analysé ce miaulement avec d’autres sons similaires. Il a utilisé des spectrogrammes, qui permettent de visualiser les caractéristiques des sons. Après comparaison, Brookes a confirmé que certains miaulements attribués à Cheeta ne correspondaient pas.

Par exemple, les sons du court-métrage Vincent de Tim Burton ou de Toy Story diffèrent légèrement du cri de Cheeta. Cette analyse révèle que les effets sonores subissent des modifications en post-production et leur identification est difficile.
Malgré ces incertitudes, une chose reste certaine : Cheeta a marqué l’histoire du cinéma. Pour Wylie Stateman, l’importance de ce son réside davantage dans la façon dont il a été intégré aux œuvres. « L’art, c’est le placement, pas seulement l’origine », affirme-t-il. Ce sont les concepteurs sonores qui donnent vie à ces enregistrements en les plaçant au bon moment dans une scène.

L’avenir des effets sonores
Aujourd’hui, de nombreux professionnels espèrent une meilleure traçabilité des effets sonores. L’ajout systématique de métadonnées permettrait d’attribuer chaque son à sa source et de préserver son histoire. Pour Stateman, cette évolution est essentielle. Cependant, il reste fier de la collection Hollywood Edge, qu’il décrit comme une contribution majeure à l’industrie du son. Cette bibliothèque a inspiré une nouvelle génération de concepteurs, en leur offrant une palette sonore variée et innovante.
Cheeta, décédée à l’âge de 10 ans, reste une légende méconnue du cinéma. Son cri, à la fois comique et dramatique, témoigne du génie des concepteurs sonores et de leur capacité à captiver les spectateurs. Bien qu’il soit difficile de confirmer toutes les utilisations de son miaulement, son empreinte sur l’histoire du cinéma est indéniable.
- Partager l'article :