Alors que la troisième saison de « Monster » sur Netflix plonge dans l’esprit torturé d’Ed Gein, sa conclusion laisse les spectateurs entre effroi et perplexité. Le réalisateur Max Winkler révèle les secrets derrière cette ultime scène, où fiction et réalité s’entremêlent.
Alors que le tueur rend son dernier souffle, son esprit le transporte dans une apothéose cauchemardesque où les plus grands criminels lui rendent hommage. Décryptons cela.
L’hallucination ultime : un festin de tueurs en série
Sa mère, Augusta, clôt le spectacle d’une phrase glaçante. Elle résume toute sa psyché : « Seule une mère pourrait t’aimer » . Le spectateur plonge alors dans les tréfonds d’un esprit qui a inspiré l’horreur moderne, jusqu’à sa toute dernière seconde.
Dans ses derniers instants, Ed Gein, interprété par Charlie Hunnam, sombre dans un délire où il aide le FBI à capturer Ted Bundy. Celui-ci est pourtant actif bien après son propre emprisonnement. Cette séquence, tournée sans musique et avec un éclairage lugubre, vise à opposer la folie troublée de Gein à la « perversion pure » de Bundy.
Pire encore, Gein hallucine une cour macabre de tueurs (dont Charles Manson) lui rendant hommage, une métaphore de son influence durable sur l’imaginaire criminel.
Les derniers mots d’Augusta : une clé psychologique
La scène finale, improvisée lors du tournage, montre Gein assis sur une porche aux côtés de sa mère Augusta (Laurie Metcalf). Elle lui murmure la phrase fatidique qui le tourmentera toute sa vie. Pour Max Winkler, cette réplique est le « Rosebud » de Gein. C’est une référence au chef-d’œuvre Citizen Kane.
Elle résume le drame intime du tueur : une quête désespérée d’amour maternel dans un océan de violence. Cette relation toxique, évoquée tout au long de la série, a nourri sa psychose et inspiré le personnage de Norman Bates dans Psycho.

Un tournage chaotique sous le signe de l’émotion
Winkler dévoile que cette scène intime a été la dernière tournée, dans une atmosphère d’improvisation : l’équipe a fabriqué de la limonade à la hâte, et Laurie Metcalf a apporté son propre tricot. Le défi technique ? Recréer une lumière matinale en studio, confiée au directeur photo Michael Bauman. Pour Winkler, capturer l’essence de Gein exigeait de mêler réalisme et onirisme, jusqu’à cette conclusion poignante.
Gein vs. Bundy : le miroir de deux monstruosités
L’introduction de Bundy dans le récit sert à distinguer deux formes de mal. Là où Bundy incarne le mal « pur », Gein est dépeint comme un produit de ses traumatismes. Il y a eu les abus maternels, l’isolement et la schizophrénie non diagnostiquée. La série questionne ainsi : les monstres naissent-ils ou sont-ils fabriqués par leur passé ? Un débat au cœur de la vision des créateurs Ryan Murphy et Ian Brennan.

Un héritage en forme de mise en garde
Au-delà de la biographie, la fin de Monster saison 3 sur Netflix interroge. Avez-vous une fascination malsaine pour les tueurs en série ? En montrant Gein hanté par sa mère jusque dans la mort, la série rappelle que son histoire a été maintes fois relatée. Et cela va du Silence des agneaux à Massacre à la tronçonneuse. Quel est le verdict de Winkler ? Eh bien Gein n’était ni un héros ni un démon. C’est un homme brisé dont les actes ont changé à jamais la culture horrifique – et notre rapport à l’horreur.
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