Malgré un film en compétition officielle, les accusations de viol relancent la pression sur le Festival de Cannes et sa position face aux violences sexuelles. Cette exclusion surprise d’un acteur français met le tapis rouge face à ses contradictions les plus brûlantes.
Ce jeudi, le Festival de Cannes a exclu l’acteur Théo Navarro-Mussy du tapis rouge officiele. Il joue pourtant dans le film Dossier 137, de Dominik Moll, sélectionné en compétition officielle. Trois anciennes compagnes l’accusent de viols commis entre 2018 et 2020. Selon Télérama, elles envisagent de porter plainte au civil.
Même si la justice a classé l’affaire sans suite, les recours sont toujours en cours. C’est pour cette raison que Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, a estimé nécessaire que l’acteur soit exclu. Il a confirmé la décision et a expliqué que la procédure judiciaire restait active.
Cannes renforce sa ligne, sous pression politique et médiatique
Cette exclusion ne sort pas de nulle part. Depuis 2023, Cannes subit des critiques sur son manque de clarté face aux accusations d’agressions sexuelles. L’année dernière, le choix du film d’ouverture, Jeanne du Barry avec Johnny Depp, avait fait polémique. Ce choix avait choqué une partie de l’opinion.
Cette fois, les organisateurs ont changé de posture. Ils répondent à la pression d’élus comme Sandrine Rousseau, qui demande à Cannes d’être exemplaire. « Le festival doit incarner ce changement de mentalité », déclare-t-elle, appelant à une rupture symbolique au sommet. Avec cette décision, Cannes pourrait désormais suivre la voie des César, les équivalents français des Oscars.
Depuis 2023, les César excluent des nominations toute personne mise en examen pour agression sexuelle. Cannes n’avait jusqu’ici jamais adopté une règle aussi stricte. Toutefois, cette exclusion pourrait ouvrir la voie à une ligne claire dans les prochaines éditions. Cela marquerait une rupture nette avec le flou des années précédentes.
L’acteur répond, le réalisateur s’explique
Théo Navarro-Mussy nie les faits. Malgré tout, il affirme comprendre la décision du festival. Il se dit inquiet pour sa carrière. Il espère que le classement initial de l’affaire pèsera dans l’opinion. Son avocat précise qu’il n’a reçu aucune notification de recours contre la décision judiciaire.
De son côté, le réalisateur Dominik Moll affirme ne pas avoir été au courant des accusations avant le tournage. Il ajoute : « Rien ne s’est passé pendant le film ». Moll avait déjà abordé les violences faites aux femmes dans La Nuit du 12. Il se dit très sensible à cette question.
Un climat sous haute tension dans le cinéma français
Depuis les révélations de l’actrice Judith Godrèche, une commission parlementaire a enquêté sur les abus dans le secteur. Ses conclusions parlent d’un phénomène endémique, profondément ancré dans le milieu du divertissement. Le même jour que l’ouverture du festival, Gérard Depardieu a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour agression sexuelle.
Il reste à ce jour la figure la plus emblématique touchée par les suites du mouvement #MeToo en France. Par conséquent, le geste de Cannes ne passe pas inaperçu. Il pourrait bien marquer un nouveau chapitre dans la responsabilisation du milieu.
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