L’industrie du jeu vidéo est le théâtre récurrent de témoignages de streameuses, comme Maghla, dénonçant le harcèlement et les menaces en ligne. Ces dénonciations reflètent un problème persistant de sexisme. Le « GamerGate » de 2014 et les révélations récentes sur le harcèlement en ligne ont mis en lumière les défis auxquels les femmes font face dans ce milieu. Une étude IFOP pour GamerTop, basée sur un échantillon représentatif, révèle l’ampleur du sexisme dans l’univers des joueurs en soulignant la nécessité d’actions pour contrer ce phénomène. Tour d’horizon sur les réponses données par les participants et leur impact.
Profil des joueurs et joueuses en France : données démographiques et parité de genre
Le profil des joueurs et joueuses en France, comme révélé par l’étude IFOP pour GamerTop, démontre une participation quasi égale des deux sexes dans la pratique du jeu vidéo, avec 62 % de femmes et 66 % d’hommes déclarant y jouer actuellement. Les données confirment également que les jeunes constituent la majorité des joueurs, avec 86 % des 15-24 ans admettant jouer aux jeux vidéo. L’étude identifie que 56 % des joueurs sont des hardcore gamers, principalement des hommes (65 %) par rapport aux femmes (47 %).
Ces joueurs hardcore sont enclins à avoir une attitude plus sexiste, avec des taux plus élevés de soutien à la culture du viol (29 % contre 11 % pour les non gamers) et d’adhésion à des idées permissives sur le consentement (21 % contre 11 % pour les non gamers).
Expériences de sexisme en ligne : les types de harcèlement
L’enquête de l’IFOP met en avant une réalité troublante concernant le sexisme en ligne dans l’industrie du jeu vidéo. Les joueuses sont confrontées à diverses formes de harcèlement et de discrimination. Les stéréotypes sexistes persistent, avec une adhésion plus prononcée chez les joueurs « très gameurs » ou « plutôt gameurs » ainsi que chez les amateurs de jeux de combat et de MMORPG. 30 % des « très gameurs »” estiment que les femmes ont trop de pouvoir dans la société, tandis que 29 % pensent que harceler une femme est une liberté.
Les interactions en ligne exposent les joueuses à des comportements misogynes variés : 34 % subissent une attitude paternaliste, 38 % sont critiquées pour leur niveau de jeu de manière sexiste. 25 % font face au refus de communication ou de jeu et 36 % sont victimes de remarques sur leur physique. 39 % sont confrontées à des propos obscènes ou sexuellement connotés. Enfin, 39 % reçoivent des insultes sexistes et 27 % font l’objet de menaces d’agression sexuelle. Ces données révèlent l’ampleur du sexisme en ligne et soulignent l’importance de lutter contre ces comportements toxiques dans l’univers des jeux vidéo.
Stéréotypes et perceptions de genre : impact sur les attitudes des joueurs
Les stéréotypes de genre ont un impact significatif sur les attitudes des joueurs dans les jeux vidéo. L’étude menée révèle que ces stéréotypes influencent souvent la perception des compétences et des rôles des femmes dans cet univers. Les joueurs tendent à associer les jeux vidéo à un domaine masculin, ce qui conduit à des préjugés sur les capacités des femmes à jouer et à réussir dans ce domaine. Certains joueurs pensent que les jeux vidéo nécessitent des compétences techniques ou une agressivité qui seraient plus naturelles chez les hommes.
Les attitudes sexistes sont également répandues parmi les joueurs, avec des croyances selon lesquelles les femmes devraient avoir des rôles spécifiques ou être traitées d’une certaine manière dans les jeux vidéo. Certains considèrent par exemple que les personnages féminins devraient être sexualisés ou relégués à des rôles de soutien, ce qui reflète une vision archaïque des genres.
Ces stéréotypes contribuent à perpétuer les inégalités de genre et à créer un environnement hostile pour les femmes joueuses.
Réactions et conséquences : comportement des joueuses et stratégie d’adaptation
Les expériences de sexisme en ligne ont des conséquences significatives sur le comportement des joueuses. Face au harcèlement et aux discriminations, de nombreuses femmes adoptent des stratégies d’évitement et de dissimulation de leur genre pour se protéger. Certaines joueuses choisissent de masquer leur identité de genre (46 % des gameuses de jeux de combat, 37 % des joueuses de MMORPG) en utilisant des pseudonymes neutres ou en évitant les conversations vocales pendant les sessions de jeu (55 % des joueuses de jeux de combat, 53 % de joueuses de MMORPG). D’autres préfèrent limiter leurs interactions en ligne ou quitter complètement les communautés de jeu où le sexisme est répandu. Ces réactions sont souvent le résultat d’une tentative de préserver leur bien-être mental et émotionnel dans un environnement toxique.
Certaines femmes s’engagent également dans des actions de plaidoyer pour sensibiliser à la question du sexisme dans l’industrie du jeu vidéo et promouvoir des changements positifs. Ces stratégies montrent la résilience et la détermination des femmes joueuses à défendre leur place dans cet univers, malgré les obstacles qu’elles rencontrent.
Cette enquête montre des réalités préoccupantes quant à l’expérience des femmes dans cet environnement. Il est primordial de reconnaître et de combattre le sexisme persistant qui affecte les joueuses. L’industrie du jeu vidéo doit prendre des mesures concrètes pour promouvoir l’inclusion, la diversité et l’égalité des genres. Cela peut être des politiques de tolérance zéro contre le harcèlement en ligne, la représentation équitable des genres dans les jeux et les équipes de développement ou des programmes de sensibilisation pour les joueurs.
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